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Psycho

La méditation qui a changé ma vie

Je n’ai pas toujours été prof de Yoga. Il y a encore deux ans, je travaillais derrière un bureau dans un building à Issy les Moulineaux. J’avais une petite vie bien rangée avec quelques fiesta le week-end, beaucoup de copains / copines mais, au final, très peu de profondeur dans mon existence.

Ce n’est que lorsque le dernier CDD de ma « grande » carrière de journaliste s’est terminé que je me suis retrouvée à pratiquer le Yoga régulièrement et que j’ai eu une épiphanie : «  hors de question que je retourne derrière un écran d’ordinateur ». Mais cela ne s’est pas toujours fait en douceur… Et je me souviens précisément du jour fracassant où mes nerfs ont lâché parce que je ne pouvais plus faire semblant.

Open (pas très open) space

C’était un mardi de septembre, l’été venait de se terminer. Fraîchement au chômage, je venais d’accepter un remplacement de quinze jours, histoire de remettre un peu le pied à l’étrier après les vacances – ce n’était même pas pour renflouer les caisses, puisque ce que l’on gagne au chômage est toujours déduit des allocations.

Pendant l’été, j’avais très peu pratiqué le Yoga mais la graine avait déjà été semée en moi. Retourner m’asseoir au milieu d’un open-space où les gens s’observent en chien de faïence m’a glacé le dos. Je me souviens m’être retrouvée là, devant la lumière atroce de cet ordinateur, à recevoir par email les ordres d’un jeune-homme que je connaissais depuis même pas une heure et dont les airs supérieurs m’agaçaient déjà pas mal.

A la fin de la matinée, je suis allée déjeuner avec des gens qui, comme tout un chacun j’en suis convaincue, ont un immense potentiel. Mais qu’est ce que je me suis faite chier… Leur vie m’a semblée d’un ennui mortel, d’une platitude désolante. Je respecte totalement ceux qui ont fait le choix de se marier jeune, de fonder une famille et de bosser pour rembourser le crédit de leur maison… Après tout, si ces personnes sont heureuses, tant mieux pour elles. Mais là je crois surtout que c’est en face de ma propre platitude que je me suis retrouvée. « Ca, ce n’est pas ta vie ma fille… ».

Pourtant, j’ai ignoré le malaise que je ressentais. « Après tout, tu ne viens pas d’accepter un job, ce n’est qu’un remplacement ». Alors la journée s’est terminée par ce trajet en métro qui allait être le mien pendant la prochaine quinzaine, et suis revenue le lendemain. Pour la dernière fois…

A la fin de cette deuxième matinée, j’avais retrouvé mon rythme effréné de rédactrice web – une dizaine d’articles pondus en quelques heures. Paraphraser ce qui se fait ailleurs, en rajoutant sa petite touche perso, ce n’est de toute façon pas très compliqué… C’est à ce moment que j’ai reçu un mail outré de mon supérieur, qui venait de tomber sur une coquille dans mon dernier billet : « je ne te demande pas d’écrire vite, mais d’écrire bien ». A cet instant, la petite yogini que je devenais est tombée de 4 étages et a eu envie de lui mettre une grosse tarte dans sa gueule.

J’ai passé les heures qui ont suivies à lutter contre les ruminations intérieures de mon égo, jonglant entre les « après tout il a raison, t’as fait une faute, assume » et les « mais pour qui il se prend ce con ?! ». Et surtout « j’écris bien en plus ».

Certains l’aiment Osho

A la première minute de pause, j’ai cherché quoi faire pour me détendre le soir. C’est là que je me suis aperçue qu’une méditation avait lieue dans un centre de Yoga juste en face – où j’enseigne à présent, l’univers est un vrai coquinou… Je me suis donc inscrite et, aussitôt cette deuxième journée pleine de supplices terminée, j’ai foncé au cours – c’est d’ailleurs la fois où, tellement éparpillée par ces énergies opposées à mes aspirations, je me suis installée au milieu d’une tripotée de femmes enceintes avant de me rendre compte que je m’étais trompée de salle et que j’étais au cours de Yoga Prénatal. (>>> Voir dans le Top 5 de mes plus belles boulettes Yoga).

Ce soir-là, il s’agissait d’une méditation d’Osho, un mystique contemporain qui a dit : « Les méditations actives sont nécessaires pour pousser la conscience à ses racines, parce que c’est seulement depuis les racines que la transformation est possible ». Tiens donc…

A la fin de la méditation je me sentais un peu bizarre, je ne savais pas trop ce que je faisais là en fait. Puis la personne qui nous guidait nous a fait tirer une carte dans le tarot Zen (j’avoue que j’étais un peu sceptique mais amusée) et nous a demandée de la lire. J’ai tiré La Percée, une carte dont, attention, voici la description :

« Toute la fonction d´un maître est de transformer une dépression en percée. Le psychothérapeute vous retape tout simplement. C´est sa fonction. Il n´est pas là pour vous transformer. Vous avez besoin d´une métapsychologie, la psychologie des Bouddhas.

C´est la plus grande aventure de la vie de traverser une dépression consciemment. C´est aussi le plus grand risque car il n´y a aucune garantie que la dépression deviendra une percée. Elle se produira, mais ces choses ne peuvent pas être garanties. Votre chaos intérieur est très ancien – vous êtes dans le chaos depuis de nombreuses vies. Il est épais et dense. Il est presque un univers en lui-même. Aussi lorsque vous entrez en lui avec votre petite capacité, il y a bien sur danger. Pourtant, sans faire face à ce danger nul n´est jamais devenu intégré, nul n´est jamais devenu un individu, indivisible.

Le Zen ou la méditation est la méthode qui va vous aider à traverser ce chaos, à traverser la nuit noire de l´âme d´une manière équilibrée, disciplinée, vigilante. L´aube n´est pas loin, mais avant de pouvoir l´atteindre, la nuit noire de l´âme doit être traversée. Et comme l´aube approche, la nuit se fait plus épaisse. »

Gloups, un peu violent le truc.

Libéréeeeeeeeee, délivréeeeeeeee !

En lisant à voix haute, j’ai fondu en larmes. C’était un des moments les plus gênants de ma vie… J’étais là à chialer devant des inconnus – dont je m’étais en plus gentiment moquée pendant la méditation parce que certains s’étaient mis à faire des bruits curieux en se balançant sur eux-mêmes. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais, mais cette phrase « votre chaos intérieur est très ancien » a tellement résonné en moi. J’ai senti toute ma tristesse contenue éclater au grand jour. Je ne suis jamais sentie jugée par les personnes qui étaient présentes, au contraire, elles m’ont expliqué qu’elles faisaient parfois des exercices dont le but étaient justement de pleurer et que moi, j’y arrivais naturellement – quelle chance ! 🙂

Le retour chez moi a été chaotique – je suis restée dans le thème de ma carte. Je me souviens avoir pris le métro en ayant l’impression de capter les énergies de tous les gens qui m’entouraient. Il n’y avait que de la tristesse, de la colère, de l’envie… C’était la journée portes ouvertes des chakras ! Abominable… Quand je suis arrivée dans mon appartement, j’ai fermé la porte derrière moi et je me suis écroulée au sol. Tout est sorti.

Le lendemain, je ne me suis pas présentée au travail. Ni les jours qui ont suivis… J’étais carrément en faute professionnelle. Mais il était hors de question que je sois en faute avec moi-même une minute de plus. (Outre le dommage émotionnel que ces deux petits jours m’ont causée, j’ai été privée de mes indemnités pendant des mois par Pôle Emploi parce que la RH avait fait une erreur sur ma fiche de paie et refusait de la modifier. Je ne pouvais même pas payer mon loyer ! Quand on n’est pas en accord avec soi-même et que l’on ne fait rien pour que cela change, l’univers se charge de nous le faire comprendre autrement ;)).

Six mois après ces deux journées très étranges, je donnais mon premier cours de Yoga en Inde, avant de revenir certifiée professeur. Toucher le fond pour mettre un coup de talon et éclater à la surface, comme une bulle de champagne. Voilà mon histoire.

Il n’y a aucun compromis à faire avec la personne que vous êtes à l’intérieur. Même si c’est temporaire, même si c’est pour rendre service, même si c’est mardi gras, ne vous mettez jamais entre parenthèses. Personne ne peut dire non à votre place. Personne ne peut changer à votre place non plus. Et ce n’est pas demain que cela se passe, c’est maintenant.

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