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Psycho

Le trouble dissociatif d’identité

Le trouble dissociatif d’identité, plus connu pour le grand public par les dénominations plus anciennes et moins précises de double personnalité ou personnalité multiple, peut amener à des situations qui peuvent sembler pour un observateur extérieur pour le moins surprenantes voire parfois assez grotesques ou décalées. Ainsi la personne affectée par ce type de trouble peut se retrouver dans un lieu inconnu, ou retrouver chez elles des objets qui ne lui appartiennent pas et qu’elle n’avait jamais vus auparavant.

On a tous pu au moins une fois lire un livre ou voir un film où le personnage principal menait une double vie et avait une double identité avec deux familles et des activités complètement différentes et ceci sans en être conscient lui-même. Dans la vraie vie, ce trouble est rare et la vie des personnes concernées n’a rien de romanesque.

Il est à noter aussi que très souvent, les non-spécialistes confondent le trouble de la double personnalité avec les troubles psychotiques et la schizophrénie en particulier . Et cette idée reçue est souvent relayée par les médias, la littérature et le cinéma. On parle par exemple d’ « attitude schizophrénique » (dans le sens d’un trouble de double personnalité) pour faire référence à des prises de positions contradictoires et cependant énoncées par la même personne. Le discours d’un jour est contredit totalement par celui du lendemain sans que cela pose le moindre problème de conscience ou de cohérence à celui qui les prononce. Comme si la personne était autre. Pourtant le trouble de la double personnalité n’a strictement rien à voir avec les pathologies psychotiques en général et en particulier avec la schizophrénie. Il s’agit bel et bien de troubles bien distincts dont les causes et donc la prise en charge thérapeutique sont bien différentes également.

Les symptômes : comment identifier ce trouble ?

Ce trouble est marqué par des trous de mémoire (indépendant d’un processus de démence) concernant aussi bien le présent que le passé.

Pendant ces périodes de « trous de mémoire », la personne concernée vit un état de dissociation. Il s’agit d’un état de conscience modifié dans lequel la personne n’est pas en contact entier avec sa pensée ou encore avec ses émotions. Son comportement peut également être « déconnecté ».

Nous connaissons tous des moments de dissociation. On dit souvent alors que « nous sommes dans la lune ». Cela arrive aussi par exemple fréquemment quand nous conduisons. Nous sommes au volant de notre voiture après une longue journée de travail et voilà que nous nous retrouvons bien vite à la maison. Ce n’est qu’au moment de l’arrivée à notre domicile que nous nous rendons compte que nous sommes arrivés. Le trajet étant habituel et la conduite bien menée, le chemin se fait automatiquement, pendant la pensée est ailleurs. Il s’agit là de ce que l’on nomme « un état dissociatif ». A minima bien évidement et sans aucune valeur pathologique.

Mais on trouve à côté de la dissociation un autre symptôme que les psychiatres appellent « dépersonnalisation ». Il s’agit de l’impression de ne plus être vraiment « dans son corps ». Cela peut aller parfois jusqu’à la sensation d’être « hors de son corps ».

Ces symptômes sont couramment associés également au sentiment que le monde qui nous entoure se trouve dans le brouillard et tout ce que l’on peut vivre revêt une certaine irréalité. Cette sensation est nommée par les spécialistes : « déréalisation ».

Selon le DSM-IV de la société américaine de psychiatrie (Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux qui fait référence pour les psychiatres), les critères qui caractérisent le trouble dissociatif de l’identité (F44.81) sont :

  • Présence de deux ou plusieurs identités ou « états de personnalité » distincts (chacun ayant ses modalités constantes et particulières, de pensée et de relation concernant l’environnement et soi-même)
  • Au moins deux de ces identités ou « états de personnalités » prennent tour à tour contrôle du comportement du sujet.
  • L’incapacité à évoquer des souvenirs personnels importants trop marquée pour s’expliquer par une simple « mauvaise mémoire ».
  • La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une substance (par ex. les trous de mémoire ou le comportement chaotique au cours d’une intoxication alcoolique) ou une affection médicale générale (par ex. les crises partielles complexes). Chez l’enfant, les symptômes ne peuvent pas être attribuables à des jeux d’imagination ou à l’évocation de camarades imaginaires.

Ce trouble est souvent accompagné par d’autres pathologies psychiatriques, comme les troubles anxieux, la dépression, des troubles de sommeil, l’abus de substances psychoactives (y compris l’alcool, le tabac et la consommation de cannabis).

Les causes : d’où vient ce trouble ?

Dans la plupart des cas, à son origine, on trouve des situations de vie atroces vécues pendant l’enfance. Ce sont souvent des expositions répétées à des violences, des services et abus sexuels qui vont mener l’enfant ou le jeune adulte à se mettre dans un état dissociatif. On a pu rencontrer le même phénomène également chez les soldats qui ont combattu dans des circonstances extrêmes et vécus des scènes insoutenables. Cette dissociation permet à la personne de survivre psychiquement à ce qui est insupportable. En se mettant dans un « état second », « en planant dans un autre monde », l’enfant ou l’adulte se protège et l’évènement traumatisant n’est pas mémorisé de la même manière. Il est même souvent difficilement accessible à la mémoire ce qui peut poser des problèmes à la victime au décours d’une démarche judiciaire.

Le trouble dissociatif d’identité dans sa forme clinique complète s’installe le plus souvent quand l’enfant a moins de 9 ans pendant les faits.

La prise en charge : qu’est ce qu’on peut faire ?

Il est malheureusement impossible d’effacer le passé et ceci d’autant plus, s’il est peuplé d’événements traumatisants. Cependant certaines approches psychothérapiques peuvent aider à mieux faire face à la réalité et à diminuer de manière notable les symptômes handicapants.

La thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) réalisée par un professionnel formé est la thérapie actuellement la plus utilisée dans cette indication. Cette technique apparue dans les années 90 permet d’aider au retraitement des informations dans le cerveau avec des résultats notables.

La pharmacothérapie occupe une place mineure. Elle vise surtout les pathologies ou symptômes psychiatriques associés comme les symptômes dépressifs qui se développent fréquemment après les traumatismes.

Pour aller plus loin :

Un site de professionnels qui décrit brièvement et clairement ce qu’est la thérapie EMDR.

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